lundi 15 octobre 2018

Elucubrations nostalgiques

Imaginez un instant que les rideaux de théâtre se mettent à déclamer de célèbres tirades ou d’historiques répliques, cachées dans leurs plis depuis toujours ? Imaginez la stupeur d’un public voyant une scène déserte mais dont l’ondulation des rideaux émettrait les voix d’illustres comédiens ? Car les rideaux ont vu et entendu tant de choses, devant et derrière les décors, ils ont dissimulé tant de tracs de comédiens angoissés. On sait bien que le talent, pour peu qu’il soit grand, est immortel, mais que des rideaux le perpétuent en restituant la sonorité authentique d’un dialogue, avouez que le phénomène est peu banal ! Imaginez encore entendre Alceste dans le Misanthrope, s’adressant à Philinte : - Et je hais rien tant que les contorsions de tous ces grands faiseurs de protestations… et Philinte de répondre dans un froufroutement - Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie il faut bien le payer de la même monnaie… Avouez donc que cette magie-là peut vous émerveiller quand le langage aussi beau que celui de Molière se répand dans l’espace pour atteindre vos oreilles comme une résurrection. J’en étais là de mes réflexions lorsque Jean-Claude commença à décrocher ceux d’une petite scène improvisée dans une cave humide et froide que, seule la présence humaine pouvait à peine tiédir. Pendant trois soirs consécutifs, les spectateurs se serraient les uns contre les autres, non pas pour se réchauffer, mais pour venir écouter des textes théâtralisés, évoquant des pays chauds et lointains. Un franc succès résulta de ces représentations et le terme de cette trilogie n’aurait pas dû m’attrister, mais au contraire générer un encouragement, d’ailleurs tout à fait justifié. Et pourtant, lorsque Jean-Claude démonta la scène, je me suis dit que tous ces mots égrenés comme une musique pendant trois soirs, et recueillis par des oreilles enchantées ou indifférentes, se réfugieraient aussi dans ces rideaux, enfouis dans les plis de cette immense mémoire, que peut-être plus jamais on ne les entendrait, à moins que…à moins qu’un jour, ce vécu surgisse d’un rideau abandonné depuis trop longtemps et en mal de spectacle ? Je n’aime pas la fin des choses. Enfant déjà, je me souviens que le rond de sciure qui restait sur la place après le départ d’un cirque, m’attristait profondément. Sa solitude m’était insupportable, mais les objets ont-ils une âme pour que leur abandon suscite autant d’émoi ?

mardi 2 octobre 2018

"On dirait nous" de Didier Van Cauwelaert


Avec une écriture bien rythmée, empreinte d’humour, de sensualité et parfois même d’émotion, Didier Cauwelaert vous embarque dans une invraisemblable histoire où il est question de migration d’âme et de résurrection. Histoire improbable à laquelle on a quand même envie de croire…

         Il s’agit selon un protocole issu d’une vieille tribu indienne de l’Alaska, pour  un jeune couple éperdument amoureux, d’assurer le prolongement de la vie d’une indienne à travers l’enfant qu’ils auront…

         Musicienne, l’indienne a jeté son dévolu sur la jeune femme, elle-même musicienne, pour accomplir ce transfert, à cause sans doute  de  sa virtuosité de violoncelliste.

         L’originalité de cet ouvrage vous fera passer un bon moment. La bibliothèque de Sancergues le tient à votre disposition.